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Anne Franck, le journal graphique

Cette quinzaine, dans son blog Allonz’Enfants, Nathalie Riché nous présente « Anne Franck, le journal graphique » d’Ari Folman et David Polonski, ouvrage remarquable à bien des égards.
La chronique de Nathalie 

« Adapter en roman graphique l’un des livres les plus connus de la planète, 70 ans après sa publication mondiale, était un sacré pari. Pari réussi haut la main, par les israéliens Ari Folman et David Polonsky, scénariste et dessinateur du formidable film d’animation Valse avec Bachir.

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« Personne ne me croira, mais à 13 ans, je me sens complètement seule au monde. J’ai des parents adorables et une sœur de 16 ans. Henneli et Jacqueline se prennent pour mes meilleures amies, mais je n’ai encore jamais eu de véritable amie. J’ai une nuée d’admirateurs qui ne me quittent pas des yeux.
Avec mes camarades, je m’amuse et c’est tout. Je n’arrive pas à parler d’autre chose que des petites histoires de tous les jours. Malgré tous mes efforts, je n’arrive pas à me rapprocher des autres.
C’est pourquoi… Quand je t’ai vu parmi mes cadeaux d’anniversaire, j’ai su que tu étais à part ! Tu vas devenir pour moi l’Amie avec un grand A. Et cette amie s’appellera Kitty. »

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Pourquoi lire ce roman graphique ? Bien sûr, l’adaptation dessinée permet de toucher un public plus large, mais aussi de mieux raconter « l’avant », de mettre des images, des lieux sur cette histoire que l’on croit connaître sur le bout des doigts. Resituer l’histoire des Frank avant l’exil aux Pays-Bas, planter la galerie de personnages qui gravitent autour de la famille et montrer la vie d’Anne avec ses amies, ses prétendants, sa vie de collégienne bien avant l’installation dans l’Annexe contribue aussi à mieux cerner sa personnalité et la faire revivre dans toute sa dimension. Celle d’une fille vivante, joyeuse, espiègle même. Le roman graphique a le mérite de planter le décor, de mettre des couleurs, des traits sur la vie de cette adolescente dans son époque. Se dessine une personnalité hors du commun. Une jeune fille sensible, lucide avec un caractère bien affirmé et au questionnement permanent : « Depuis quand ce qui est utile rend heureux ? », dit-elle alors qu’on lui demande de boucler vite sa valise et d’emporter le strict minimum pratique.

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Pourquoi est-ce une réussite ? Parce que le roman graphique restitue parfaitement l’esprit du texte sans le dénaturer – il en reproduit d’ailleurs de larges extraits – et parce qu’il nous en donne une interprétation qui nous emmène au-delà du journal. Les auteurs ont réussi la prouesse de se tenir au plus près de la voix de la jeune fille, tout en osant traduire ses fantasmes, ses colères, ses moqueries par des images fantasmagoriques, parfois drôles, osées, telle cette scène où elle imagine un camp en vaste chantier égyptien avec des esclaves construisant un temple nazi, à l’instar d’une pyramide monumentale. Ou encore lorsqu’ils nous montrent une Anne, séductrice et élégante, représentée en Adèle Bloch-Bauer, célèbre modèle qui posait pour le peintre Gustav Klimt, ou bien encore, plus douloureux, incarnant le fameux personnage du Cri de Munch pour mieux nous faire ressentir la terreur bien terrée au fond d’elle. »

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Pour retrouver l’intégralité de la chronique de Nathalie Riché et les références du livre, c’est ICI