Baïkonour, d’Odile d’Oultremont
Odile d’Oultremont ! Une sacrée révélation lorsque paru en 2017 son premier roman : Les déraisons, duquel exhalait un amour fou des mots.
J’attendais Baïkonour avec impatience, qui sort fin août. Et je n’ai pas été déçue, toujours le mot-roi, l’histoire qui se déroule sans que l’autrice ne fasse de concession au vocabulaire et à la syntaxe. Quel bonheur. En fait, je crois que lorsque je lis Odile d’Oultremont, ce qu’elle me raconte passe en second, moi j’aime sa plume, son application, son intégrité, son respect de la langue, son sens du mot juste au bon endroit.
Mais bon, quand même : l’histoire ! Ce qui me lisent régulièrement (merci) savent que je ne déflore jamais beaucoup les histoires. Je ne vais pas imposer à autrui ce que je ne voudrais pas qu’il me fit. D’un autre côté, Baïkonour n’est pas un roman de rebondissements.
Mais de perte, de rencontre et d’acceptation.
La perte du père d’Anka, marin-pêcheur disparu au large de la Bretagne et la perte (momentanée) de l’amour que la jeune femme portait à l’océan. La perte des illusions.
La perte de la mobilité pour Marcus, grutier, tombé de son engin aux pieds d’Anka, dont il était auparavant tombé amoureux depuis sa cabine.
La rencontre entre la fille du bleu, du mouvant, de l’iode, de la houle et de l’horizon, avec le garçon du ciel breton, du minéral, des toits, de la verticalité.
L’acceptation, lente, de ce qui est dorénavant, que ce soit pour les deux jeunes gens que pour leurs parents.
L’acceptation du renoncement. Ou pas.
Baïkonour, pour moi, c’est aussi une histoire d’amourS, où chacun cherche de nouveaux repères après que son ordre du monde a été dérangé. La maman d’Anka et le père de Marcus sont à ce titre extrêmement bien « peints ».
J’avoue j’ai eu du mal « avec l’histoire » sur les premières pages, mais comme je disais plus haut, je continuais ma lecture pour le plaisir des mots : les descriptions de la mer, du ciel, de la cuisine de la maman, du salon de coiffure ; les souvenirs d’Anka, les personnages… Puis, à l’hospitalisation de Marcus et l’arrivée de son père, je me suis remise sur les rails du récit.
Pourquoi Baïkonour ? C’est le nom du bateau de Vladimir, le père d’Anka. La jeune femme, coiffeuse par défaut, en reprendra-t-elle la barre, elle qui n’a toujours rêvé que d’océan ?