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Edmonde, de Dominique de Saint-Pern

EdmondeDommage qu’il ne couvre que les années de la seconde guerre mondiale ce livre « Edmonde », on aimerait en connaître un peu plus encore sur tous les événements qui ont forgé la personnalité d’Edmonde Charles-Roux.
Connue notamment pour son Prix Goncourt 1966 avec Oublier Palerme, puis membre et présidente de la prestigieuse académie du même nom, rédactrice en chef de Vogue, épouse de Gaston Defferre (homme politique, longtemps maire de Marseille), figure du tout-Paris lancé, quel était le fond du personnage ?

Effectivement, à la lecture d’Edmonde, récit de Dominique de Saint-Pern sur la période 1938-1945, on cerne mieux la femme.  D’ailleurs, E. C-M elle-même disait que c’est cette période qui l’avait forgée.  Lorsque cette bio d’Edmonde commence, les Charles-Roux sont en poste à Rome et se partagent entre l’Italie et Marseille où est située la villa de famille. La jeune femme a 18 ans et brille de tous les feux d’une fille séduisante, riche et bien née.
François, le père, est ambassadeur. Sa femme Sabine gère le côté mondain que requiert la fonction. Edmonde est en passe d’épouser Camillo, duc italien. Sa sœur Cyprienne – maîtresse du gendre de Mussolini – annonce avec fracas son mariage à un prince (pour faire diversion ?).

La guerre éclate, l’Italie et la France s’opposent, la famille est emportée dans le tumulte.
François doit gérer son hostilité à Laval et à la collaboration en général, Edmonde s’engage en qualité d’infirmière volontaire, son frère Jean et Camillo partent se battre – ce dernier tombera sur le front albanais – Cyprienne reste à Rome.

Certes, chez les Charles-Roux, on continue à skier à Megève et aller aux défilés pendant la guerre. Certes on se fait construire ses propres abris anti-bombardements. Certes la vie est loin, loin, loin d’être celle de 99 % du reste de la population. Mais néanmoins, des messages sont passés à la résistance, des juifs cachés dans des dépendances, et surtout on rejette Pétain, Mussolini en s’en cachant à peine, malgré la fonction de François.  La situation de Cyprienne reste un énorme problème, et l’amènera à vivre un enfer après la chute du Duce. Edmonde, dévastée par la mort de Camillo se bat néanmoins pour sa sœur, et se dévoue à sa tâche d’infirmière aux côtés de l’Armée de libération, tout en maintenant la cohésion familiale malgré les éloignements géographiques, temporels et idéologiques.

De ces événements que traversent la famille Charles-Roux et Edmonde en particulier, le livre de Dominique de Saint-Pern – qui se lit comme un roman – en donne un éclairage nouveau ou inédit sur cette période de l’Histoire européenne. Et bien sûr, sur Edmonde, sa trajectoire vers sa destinée de femme émancipée et menant sa barque. Je suis heureuse d’avoir pu ainsi me faire une autre idée d’elle, à laquelle j’avais prêté plus de frivolité et moins de relief.

Edmonde – Dominique de Saint-Pern – Stock – paru février 2019 – 416 pages – 21,50€

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