Julie Bonnie, 46 ans, fait partir ses enfants à l’école, range sa maison, tourne, s’ennuie. Elle pense à ce qu’elle était adolescente, s’interroge sur la force qui l’animait à cette époque. Une période si particulière de la vie d’une femme, encore plus pour elle qui, en quelques mois, s’est forgé un destin inattendu, tête baissée, corps et âme aspirés par l’énergie du rock

1985 – 1995

La période que nous relate Julie.
De son adolescence, à la naissance de sa propre fille.
De la création d’un groupe de rock, à sa dislocation. Le groupe, Myosotis dans le livre (mais je vous laisse le soin de trouver le véritable nom), avait son public.

Du passage de fillette de bonne famille rangée et bonne élève, à adolescente en rage, aux attributs rebelles, clope au bec et bière à la main, désertant les cours mais gardant son violon.

De l’enthousiasme, l’innocence et l’ébullition des premières années du groupe, aux crises et dissensions.

De la mythique place Plumereau de Tours, aux routes de l’Europe de l’est, pour des tournées underground.

De l’amitié fusionnelle avec Clarisse, l’autre fille du groupe, à la brouille.

Du confort d’un appartement bourgeois, aux kilomètres de route dans un camion de tournée, entassés, sales et imbibés d’alcool et substances pas forcément licites.

Pourquoi ai-je aimé ce livre ?

Parce que je fréquentais la dite Place Plum’ de Tours à cette même époque. Et que lire les descriptions des microcosmes 
qui la fréquentaient m’a fait sourire tellement Julie Bonnie a su répertorier les codes de chaque groupe qu’on y rencontrait
(les BCBG, les new-wave, les rocks…) avec beaucoup d’acuité et humour, sans oublier d’attribuer à chaque caste
son café (bar) de prédilection.

Parce que venant de lire l’auto-fiction d’Agathe Ruga (Sous le soleil de mes cheveux blonds, ici chroniqué)
j’ai été troublée de retrouver dans « Maman, c’est toi sur la photo ? » une autre narration biographique de liens amicaux féminins puissants. Ici, ils unissent Julie et Clarisse, et ici aussi on pressent très vite qu’un jour ça finira mal.
Les deux livres se déroulent dans des milieux  différents, aux styles de vie éloignés, et pourtant on y retrouve des sororités
amicales très fortes, et une étude des sentiments et ambivalences aussi réussie chez Ruga que chez Bonnie.

Parce que Julie Bonnie a une voix qui m’envoûte, et que la lire c’est rendre hommage à son talent de chanteuse,
tout en comprenant d’où il vient et comment il s’est développé.

Parce qu’elle est cash, décrit sans ambages les situations et scènes d’où ressortent bruits, décibels, amplis, odeurs
d’alcools, drogues, sueur et squats,  tout en basculant dans une pudeur respectueuse admirable lorsqu’elle aborde les sentiments. Ce qui donne un livre tout en nuances.

A lire …

… si ce que j’ai évoqué ci-dessus réveille en vous des souvenirs. Ah, les années 80/90, que l’on ait été rock ou pas !  Julie Bonnie convoque à notre mémoire des musiques, modes et lieux de ces années là, à Paris, en province et hors de nos frontières. Nostalgie…

. pour faire une plongée de l’autre côté du mur (de Berlin) ;  pour comprendre le quotidien éreintant et ingrat d’un groupe en tournée, quand ce groupe n’est pas (encore) celui de stars ;   s’apercevoir qu’on peut être au coeur de l’Histoire et passer à côté des événements, tels les membres de Myosotis, si égocentrés qu’ils ne voient pas l’Europe se transformer sous leurs yeux.

. et enfin si vos enfants sont béats / interloqués / incrédules / écroulés de rire devant vos photos de jeunesse

 

C’est toi, Maman, sur la photo ? – Julie Bonnie – 208 pages – 19 € – Paru mai 2019 – Editions Globe

Côté littérature, Julie Bonnie c’est aussi…

. Un roman couronné par le prix Roman Fnac 2013 : Chambre 2
. 2013 toujours :  Super Chanteuse et Petit Pirate (Littérature jeunesse)
. 2014 : Le Lion des montagnes (Jeunesse)
. 2015 : Mon amour
. 2016 : Alice et les Orties (Jeunesse)
. 2017 : Barbara, roman

entre autres !

Pour suivre l’actualité de Julie Bonnie et de son livre : https://www.facebook.com/EditionGlobe/