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L’Age des possibles, de Marie Chartres

La nouvelle chronique de Nathalie Riché, à retrouver en intégralité sur son blog Allonz’enfants

Avec L’âge des possibles, Marie Chartres nous embarque dans l’errance d’une bande de trois adolescents, paumés et attachants au cœur de Chicago. Un tableau de l’envol vers l’autonomie. Du grand art.

l'âge des possibles

Temple
« Je suis au seuil d’une période d’émerveillement. C’est ma mère qui le dit. Je suis presque d’accord avec elle. Sur la question du seuil bien entendu. Concernant l’émerveillement, il faudra approfondir la question. Même le mot me fait peur. Je l’associe à quelque chose de monstrueux, de réel et de concret. Comme mon soutien-gorge chaque mois trop petit…»

Saul
« C’est très étrange à expliquer. J’ai mangé du pain perdu saupoudré de cannelle puis j’ai décidé que je le ferais. Je suis allé chez Rachel. Elle a été d’accord immédiatement. On est partis tous les deux avec nos sacs sur le dos. Rachel a ôté sa coiffe de prière en organdi blanc dix minutes après notre départ. On avait 600 dollars en poche.(…)
– Quel bonheur, quelle joie pure ! » a-t-elle ajouté.
Cela sonnait faux évidemment. Mais qu’est-ce qu’elle était belle avec ses cheveux en liberté. J’avais les mains qui tremblaient.
 »

Rachel
« Est-il possible de tricoter des chaussettes et de fuguer la seconde d’après ? Je venais de le faire, alors je suppose que ça l’est. Et mes capacités sont infinies. (…)
Lorsque Saul a acheté nos tickets de bus, j’ai murmuré :
– Seigneur, donne-nous du temps pour réfléchir.
Saul s’est tourné vers moi et je crois qu’il a saisi entre ses bras mon sourire malheureux et mes yeux apeurés, puis il a soufflé dessus pour les renvoyer au vent.
Le chauffeur de bus, en passant la première, a chantonné :
– En avant Chicago !
Et Saul et moi avons fermé les yeux en nous serrant les mains
. »

Dans ce roman polyphonique, trois adolescents frottent leur jeune solitude aux rencontres, à la grande ville et à l’inattendu. C’est le temps de l’éveil et de tous les possibles.
Il y a d’abord Rachel et Saul. Ils ont dix-sept ans, se connaissent depuis l’enfance, sont amish et amoureux. Jamais sortis de leur communauté religieuse et curieux de voir le monde, c’est à Chicago qu’ils ont décidé de faire leur rumspringa, un court séjour hors du cercle amish pour découvrir la vie ailleurs et sans doute éprouver leur foi.
C’est à Chicago aussi que Temple – qui déteste son prénom qu’elle doit à l’actrice Shirley Temple – débarque pour la première fois, seule, pour assister à une représentation de son idole, la danseuse Mademoiselle Non.

Mais rien ne se passe comme prévu pour ces trois-là ! Rachel et Saul ont troqué leurs vêtements stricts pour passer inaperçus – pas forcément une réussite ! Le jeune amish ressemble à une abeille avec son tee-shirt rayé noir et jaune et la jeune fille porte une jupe bleue bien trop large pour son âge. On dirait deux extra-terrestres dans la capitale du Rhythm’n’blues…
La suite sur le blog de Nathalie !