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Les guerres intérieures, Valérie Tong Cuong

Les guerres intérieuresC’est mon été « découverte  de Valérie Tong Cuong. Ce qui me suivent sur Instagram ont lu mon enthousiasme concernant son opus « Providence » (paru 2008), et je ferai prochainement un article à propos de « Par amour » (paru 2017). Deux de ses précédents romans que j’ai dévorés / adorés. Vous savez, le pur bonheur de se dire « …. et en plus j’en ai plusieurs d’elles à découvrir encore« .

Et à découvrir il y avait Les guerres intérieures, paru le 21 août.

Pax, acteur sur lequel la lumière tarde à venir, à moins qu’elle ne soit déjà passée, est témoin auditif d’une agression dont est victime un jeune résident de son immeuble. Il ne porte pas secours, ni n’alerte les secours et la police, il a rendez-vous pour LE casting qui le sortirait de la panade.
Emi, responsable Relations Humaines d’une entreprise, n’a pas su lire – dans les 2 sens du terme – le désespoir d’un salarié, mort depuis dans un accident dont elle ne sait s’il s’agit d’un suicide.
Mais Emi c’est aussi la maman d’Alexis, le jeune garçon agressé dans l’immeuble de Pax, un jeune garçon dorénavant brisé physiquement et moralement.

Pax et Emi sont amenés à se rencontrer par le truchement de leurs métiers. Ils tombent fous amoureux. Emi ne connaît pas l’implication de Pax dans le drame qui a touché son fils. (Si Pax avait réagi, le jeune homme souffrirait probablement de moins de séquelles). Pax découvre assez vite que celle dont il s’éprend est la mère de celui qu’il n’a pas sauvé.

Pax et Emi sont dévorés de sentiments coupables multiples, qui se chevauchent et s’imbriquent, avec lesquels ils composent « sur plusieurs fronts » de guerres intérieures. Et sont rongés par toutes les conséquences des deux drames. Sans que rien ne sorte d’eux. Pas un mot. Par une plainte. Pas un aveu. Pas un appel à l’aide.

Nous suivons leurs étouffements, c’est ce que j’ai ressenti à la lecture de ce roman. Mais les deux personnages principaux, à charge d’enfants – Pax est aussi papa, d’une jeune fille pleine de vie – ne peuvent rester en apnée ad vitam. Valérie Tong Cuong leur offre une porte de sortie, qu’elle ouvre tout à la fin, et par laquelle le lecteur respire lui aussi, enfin.

Un récit savamment mené pour que nous fassions corps avec Pax et Emi sans leur lâcher la main, malgré leurs faiblesses, volontaires ou non. Un livre qui interroge sur nos propres capacités à réagir, à avouer, à reconnaître, à pardonner, à surmonter. A surmonter notre culpabilité et celle des autres.

Mon seul bémol : dans la vraie vie, combien de chance sur le nombre d’habitants à Paris que Pax soit amené à faire la connaissance de la maman d’Alexis ?

Les guerres intérieures – Jean Claude Lattès
                                                                                     Parution août 2019 – 240 pages – 19€

Site de Valérie Tong Cuong