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« Un Grand Jour de Rien »…

« Un Grand Jour de Rien, de Béatrice Alemagna »*

(chroniqué par Nathalie Riché)

Réparons un oubli. Et profitons du prix Landerneau que vient de remporter haut la main Beatrice Alemagna pour Un Grand Jour de rien, pour revenir sur cet album qui, comme ne l’indique pas son titre, contient tout. Eh oui, rien que ça.

Nous y étions.
Pour la deuxième fois.
Ma mère et moi dans la même maison de vacances.
La même forêt et la même pluie.
Chaque jour, ma mère écrivait en silence, et moi, je tuais des Martiens.

Les auteurs jeunesse ont le don de s’attarder sur les petits riens qui font le sel de la vie, comme l’avait d’ailleurs fait Delphine Perret dans Björn, six histoires d’ourségalement en lice pour le prix jeunesse Landerneau. Ces choses si minuscules mais essentielles qui devraient prendre toute la place et pourtant qu’on oublie bêtement. Ce thème, Beatrice Alemagna l’avait déjà magistralement illustré dans La Gigantesque Petite Chose. Elle réitère ici avec brio et au plus près des enfants.

un grand jour de rien

Ce petit gars – qui pourrait d’ailleurs aussi bien être une fille – part pour quelques jours de vacances à la campagne avec sa mère. On l’a tous fait n’est-ce-pas ? La mère qui bosse à la campagne tandis que son enfant profitera du bon air… Sauf qu’il pleut toute la journée, et cet enfant-là, la campagne il s’en contrefiche. Seulement sauvé de l’ennui intersidéral par sa console portative : « Je ne voulais rien faire. Rien, sauf tuer mes Martiens. »
Acte 1 : l’ennui.
Acte 2 : la mère confisque la console.
Acte 3 : l’enfant la reprend en cachette et se glisse au dehors. Fuir les remontrances et les interdictions et tant pis pour la pluie…
Actes 4 : l’enfant saute sur les rochers dans la rivière et la console tombe à l’eau. Ouf, problème éliminé, on peut passer aux choses sérieuses.

Extrait_3

Car c’est là que l’histoire commence. Au firmament du désespoir et de l’ennui, les enfants choisissent toujours la vie. Et voilà notre petit gars encapuchonné d’orange fluo de dialoguer avec les escargots, de mettre les mains dans la terre, de grimper aux arbres, de tutoyer les insectes, de s’éclabousser dans les flaques jusqu’à plus soif. Et de découvrir le ciel immense percé de rayons de soleil comme s’il en pleuvait, ivre de bonheur, tombé à la renverse dans les herbes mouillées. Le monde comme il ne l’avait jamais vu. Ou peut-être si, avec son père qui aime l’emmener en forêt pour des promenades pédagogiques. Mais découvrir l’univers avec son seul regard, c’est tellement mieux. N’est-ce-pas grandir ?

La suite de la chronique de Nathalie, et la vidéo YouTube qui illustre son article, c’est ici !

*Un Grand Jour de rien
Beatrice Alemagna
48 p. Albin Michel Jeunesse, 15,90 €
(dès 4 ans)