Top

Festin sauvage, d’Adrienne Brodeur

Festin sauvageQuand une mère, Malabar, fait de sa fille, Rennie (13 ans) la complice de son adultère.
Quand cette jeune fille, qui idolâtre sa mère, accepte ce rôle, maintenant et renforçant ainsi leur lien fusionnel, à l’âge auquel elle devrait commencer à vivre ses propres expériences et se détacher.
Quand l’amant est le meilleur ami du père.
Quand l’histoire débute en 1980 dans le milieu cossu de la Nouvelle-Angleterre

Adrienne Brodeur, dont il s’agit du premier ouvrage, nous relate ce qui s’est déroulé dans sa famille à partir de son adolescence, autour de l’histoire vraie d’une liaison cachée. Du soir où  Malabar la tire du sommeil, lui déclarant « Ben Souther m’a embrassée » jusqu’à la vie actuelle de l’auteure, maman d’une famille recomposée, après un premier mariage… avec le fils de l’amant, une dépression nerveuse, une association avec Francis Ford Coppola…

Avec un style fluide, (chapeau à la traductrice Laurence Kiefé) Adrienne Brodeur livre ses sentiments, avis et réflexions sur son attitude tout au long de l’idylle de sa mère. Et sur la conduite de cette dernière vis-à-vis d’elle, mais aussi de son mari le délicieux Charles, de Lily l’épouse de Ben et par ailleurs son amie, et d’autres témoins, éclairés ou non.

Nous observons avec Adrienne les conséquences de ce que ce secret à tenir, protéger, favoriser (Adrienne se démène pour faciliter les rencontres des deux amants) aura sur sa propre construction sociale et sentimentale, et les dégâts sur le cercle familial et amical de Malabar lorsque l’inévitable se produit.

Un roman dans lequel j’ai eu un peu de mal à entrer, « n’y croyant  pas » puis qui m’a happée lorsque j’ai su qu’il s’agissait bel et bien d’une auto-fiction (voyeurisme ?). Et puis toute évocation de morceaux de vie sur la côte Est des Etats-Unis entre New-York et Boston m’enchante. Ajoutez les descriptions de repas élaborés par Malabar, cuisinière hors pair, et l’ambiance est posée.

Un livre dont on parle peu et c’est bien dommage.

FESTIN SAUVAGE – Adrienne Brodeur
traduit de l’anglais par Laurence Kiefé – Editions JC Lattès (site) – 300 pages – paru janvier 2020 – 21,90€