La Kippa bleue, David Allouche
La Kippa bleue
Auteur : David Allouche
La kippa bleue, c’est celle qui est à disposition, à l’entrée des synagogues, pour les hommes qui viennent prier « à l’occasion ».
Un titre qui résume tout le problème de Sasha Cohen, jeune héros de ce court roman signé David Allouche.
Elevé dans une famille juive séfarade de Marseille, Sasha souhaite annoncer à son père qu’il ne croit plus en Dieu, en profitant des retrouvailles de Kippour. Or ce même père a placé la religion au centre de la vie de leur famille, très pratiquante : écoles juives, peu ou pas de mixité (sexuelle, cultuelle, sociale), rites suivis à la lettre, fêtes respectées. Il souhaite même que Sasha devienne rabbin. La discussion ne peut être que tendue…
Nous suivons le fils dans les quelques jours qui précèdent la confrontation entre les deux hommes, alors que Sasha s’est octroyé un peu de vacances à Paris, qu’il met aussi à profit pour « préparer son discours » et ses arguments.
Vacances au cours desquelles il va rencontrer Carla, une jeune femme non juive, totalement déconnectée des attaches religieuses quelles qu’elles soient.
Dommage que cette romance ait été retenue pour illustrer la couverture, trompeuse quant à la teneur du roman. Heureusement, David Allouche nous entraîne beaucoup plus dans les questionnements du jeune homme quant à sa Foi, que dans la bluette.
Car le débat intime de Sasha est intéressant et peut être transposé pour tous et dans toutes religions. Quelle est la part de l’inculqué ? Comme faire prévaloir son libre-arbitre face à une autorité familiale qui ne se pose aucune question ?
La révélation en fin de livre, du père vers le fils (que je ne dévoilerai pas !) est une double détente par rapport à ces questions. Un rebondissement que l’on aurait aimé plus en amont dans le livre, afin d’avoir un épilogue bien plus centré et développé sur ce qu’il sous-entend et induit.
Mon avis : un livre qui se lit vite, avec plaisir (bravo pour le style de David Allouche qui parle « jeune » sans tomber à côté de la plaque).
Je le répète, un livre qui se déroule dans une famille juive mais qui aborde un débat universel et ô combien intemporel et permet à tous de se donner des voies de réflexion.
La Kippa bleue – Editions Eyrolles (site) – Novembre 2018 – 168 pages – 14€
Dans un autre style mais là aussi avec un papa juif qui influe sur son fils :
ma chronique à propos de Sois toi-même, tous les autres sont déjà pris, de David Zaoui.