Top

Alexandra Alévêque, ses livres

Peut-être connaissez-vous Alexandra Alévêque sous sa casquette de journaliste ?

Drôle de ville pour une rencontre (France 5) ou 21 jours (dans le cadre d’Infrarouge sur France 2) sont notamment des séries de documentaires dans lesquelles elle excelle. C’est par ce biais télévisuel que je l’ai connue en tant que spectactrice, et que j’ai été charmée. Oui, je le dis, charmée.
Empathique, rigolote, pertinente, pratiquant l’auto-dérision, cette femme se glisse dans la vie des gens avec une aisance déconcertante et nous permet ainsi d’approcher au mieux ce qu’elle nous amène à découvrir. Que ce soit donc des villes, aux 4 coins du monde, ou « des quotidiens » aux 4 coins de ce que la société française propose de disparate.

 

Alexandra Alévêque(Alexandra Aleveque – Drôle de ville pour une rencontre)

En cherchant à en savoir plus (quand quelqu’un ou quelque chose m’interpelle je me documente, logique), j’ai appris qu’Alexandra Alévêque écrivait aussi, et la période tombait justement avec la sortie de son deuxième ouvrage : Les autres fleurs font ce qu’elles peuvent.

Le sujet

Il s’agit certes d’un roman, son premier roman, mais nous sommes Alexandra Alévêque
dans l’auto-fiction, comme il est de bon ton de dire actuellement.
Violette Delabbé (vous tenez l’allusion ?) perd son papa alors
qu’elle est encore fillette, à 10 ans.
Il est hospitalisé d’urgence pendant qu’elle est à l’école, succombe après quelques jours de lutte alors que sa fille est « éloignée »
chez des amis, et est inhumé au cours de cette même absence de sa fille. Violette ne découvrira
donc le décès de son père et son enterrement qu’en surprenant une
conversation, de retour chez elle.
Les « grandes personnes » ayant jugé plus judicieux de lui épargner de
vivre au cœur de ces moments si douloureux.

C’est ce traumatisme qu’elle nous relate dans
Les autres fleurs font ce qu’elles peuvent, en retraçant ces jours terribles, mais aussi tous ceux qui ont suivi, jusqu’à l’aube de ses 40 ans où elle pose son récit. Car même si la douleur, la colère, la révolte se sont atténués, il lui aura bien fallu « grandir » avec cet énorme non-dit et ses conséquences, en plus du manque du père.
Un non-dit qui bien sûr n’aurait pas duré, sa maman et ses deux grands frères se seraient forcément résolus à annoncer à Violette la terrible réalité quelques jours après l’enterrement, mais les faits ont eu lieu, et au contraire de « protéger » l’enfant, ils ont rendu le deuil encore plus cruel et difficile à surmonter.

Le livre « tourne » aussi autour d’une cassette audio coincée dans un ghetto blaster (vous savez, les anciens gros lecteurs de K7) mais je ne vous en dévoile pas la finalité, afin que vous découvriez par vous-même cet élément de l’histoire, intime et poignant,  si vous lisez Les autres fleurs… Un livre tendre, émouvant, avec des pointes d’humour qui apportent une juste touche de légèreté.

Aux éditions Sable Polaire (leur Facebook) – 122 pages – 15 euros – paru août 2019

 

Alexandra AlévêqueLe premier ouvrage d’Alexandra Alévêque, Les gens normaux n’existent pas – Chroniques de 21 jours a été publié chez Robert Laffont en 2017, préfacé par Emmanuel Carrère, excusez du peu ! D’ailleurs, qui mieux que cet auteur (« D’autres vies que la mienne ») pouvait aussi bien introduire les souvenirs de tournage d’Alexandra sur la série 21 jours ? 

Une série pour laquelle elle s’immergeait pendant 3 semaines dans le quotidien d’un microcosme, d’un « type » de population.
C’est ainsi qu’elle s’est volontairement fait occulter les yeux pour approcher ce que peuvent vivre les non-voyants, a partagé la vie de religieuses dans un couvent, a été assistante sur des tournages de films pornos, a intégré un groupe d’aide à la lutte contre illettrisme, a travaillé dans une usine de ressorts, a assisté les infirmières d’un service d’urgences.
Ce ne sont que des exemples de ses reportages, la série ayant duré 4 ans, nombreux sont les autres sujets !

Alexandra Alévêque

(Alexandra Alévêque – 21 jours – L’illettrisme)

Mais ce sont ceux sur lesquels Alexandra a choisi de revenir dans ce livre absolument passionnant qu’on ne peut lâcher une fois commencé, captivé par la force des témoignages, d’une profondeur unique dont on ne peut que saluer, pour cause, la véracité. Et embarqués par une plume et un style fluides.

Si vous avez déjà vu l’auteure en reportage, le plaisir est double car en la lisant vous avez sa voix dans la tête, avec ses intonations et inflexions si particulières et sincères.

Les gens normaux n’existent pas – Alexandra Alévêque
230 pages – Robert Laffont – 18€ – paru 2017

Et vous savez quoi ??? J’ai cru comprendre qu’un autre livre était en cours d’écriture, et ça c’est réjouissant !
Alexandra est souvent en signature, guettez les dates sur la page Facebook de Sable Polaire dont j’ai indiqué le lien plus haut. Pour moi, la prochaine rencontre sera au Salon du Livre de Boulogne-Billancourt 6,7,8 décembre 2019.