Tomi Ungerer, l’agent provocateur
La dernière chronique de Nathalie Riché, parue en intégralité sur l’Express.fr :
Jusqu’au bout Tomi Ungerer est resté un éternel jeune homme. Un créateur joyeux qui dans son dernier livre Ni oui ni non répondait avec sérieux, humour ou poésie à 100 questions philosophiques d’enfants. Un livre en forme de testament pour ses petits lecteurs.
Pourquoi j’existe toujours ? Marco, 5 ans.
Tomi Ungerer : « D’abord, on n’existe pas toujours, mais seulement tous les jours de notre existence. Et après ? On risque d’aller exister ailleurs… Pendant le sommeil, on existe moins. C’est pourquoi le fainéant existe peu. Exister, cela consiste à être conscient de sa présence sur terre et à agir en conséquence. Cela nécessite d’avoir les yeux grands ouverts ! »
Il nous a quittés il y a quelques jours, à l’âge de 87 ans. J’ai eu la chance d’assister à une rencontre, il y a un an, à l’occasion de la sortie de son dernier livre publié en France Ni oui ni non. Un livre dans lequel il avait répondu aux questions philosophiques posées par des petits lecteurs sur une idée d’Alexandre Lacroix, directeur de la rédaction de Philosophie Magazine.
Il était arrivé au rendez-vous tout fringuant en baskets, chapeau noir, lunettes de soleil et redingote noire achetée la veille dans une friperie avec sa fille. Le sourire large, il se régalait à l’avance de ce qu’il allait nous raconter, ce sacré brigand !
Dans ce livre, il s’est prêté bien volontiers au jeu des questions/réponses des enfants : « Les adultes n’ont pas réponse à tout, mais on doit une réponse aux enfants ! » Des questions tour à tour sérieuses, profondes et parfois loufoques ou incongrues… C’est pourquoi les réponses de l’auteur sont parfois graves, fantaisistes ou oniriques. « Il y a des questions formidables : « Est-ce que mes poux, une fois qu’ils sont morts, vont au cimetière ? » Même Breton et les surréalistes n’auraient pas trouvé ça ! »
Alexandre Lacroix envoie les questions et Tomi, depuis sa maison en Irlande, y répond par fax de façon manuscrite et spontanée : « J’ai laissé beaucoup de fautes d’orthograves ! ahah ! », s’amuse-t-il.
Dyslexique, Tomi aime déformer les mots : « C’est un énorme avantage, ça me permet d’insuffler une nouvelle vie à des mots », raconte l’illustrateur qui aime à dire qu’il réfléchit avec ses mains : « Au bout de chacun de mes doigts, il y a une petite cervelle… »
La suite de la chronique de Nathalie, c’est ICI