Top

Violette Hurlevent

La nouvelle chronique de Nathalie Riché ! (dont le blog est Allonz’enfants !)

C’est le roman incontournable à offrir aux enfants. Violette Hurlevent et le jardin sauvage, magnifique objet illustré, souffle dans nos imaginaires le vent d’une épopée en rêve majeur.

 

Violette Hurlevent

Violette Hurlevent et le jardin sauvage, de Martin et Bourgois

« Le jardin était figé. Oublié depuis bien longtemps. Dans les arbres, aucun chant d’oiseau. Autour des fleurs, nulle abeille ne bourdonnait. Pas un papillon, pas une coccinelle ni même un moucheron. Quelques tulipes au garde-à-vous, semblaient attendre une inspection qui ne viendrait jamais. (…)
Quelle pagaille ! Ce jardin il n’a pas été entretenu depuis au moins trente ans… Il n’a pas l’air bien grand, mais les broussailles et les hautes herbes l’encombrent tellement qu’on a du mal à se faire une idée précise de sa taille. Sur la pelouse qui contient plus de mousse que de gazon, Violette ramasse une fine branche tombée du châtaignier. D’un geste rageur, elle cingle un pissenlit qui ne lui a rien fait – la fleur jaune, coupée net, vole au loin. Un autre coup s’abat sur une touffe de pâquerettes, puis un autre. La baguette va et vient, tranchant tiges et hautes herbes. Violette Hurlevent sent la colère bouillonner en elle. Contre qui ? Dur à dire.
»

C’est ainsi que ça commence avec les grands romans, ils nous prennent gentiment par la main, l’air de rien, et nous font passer de l’autre côté du miroir à une vitesse supersonique. Soudain plus rien d’autre n’existe, on a basculé vers l’ailleurs. Violette Hurlevent est de ce calibre-là. Tant mieux !

A la genèse de l’aventure, il y a un drame. Des parents qui se séparent, une mère qui fuit un mari violent, des enfants qui se retrouvent à la campagne dans la maison du grand-père, fermée depuis des lustres. Triste ? Non, car sitôt enjambée la fenêtre de la cuisine, Violette pénètre le jardin à l’abandon, un jardin foisonnant, idéal pour se construire un monde et des histoires. Un monde pour se réinventer.

 

Violette Hurlevent

 

Au début, était une phrase magique : « J’étais une héroïne et tu étais ma fidèle monture… » La monture, c’est Pavel, son grand chien blanc qui veille sur elle. Le chevauchant, telle un preux chevalier, la fillette part à la rencontre de ce petit monde : un clan de loups, des « jardiniens » minuscules, laborieux et bavards, trois taupes un brin philosophes, des fourmis, des trolls, des arbres qui bougent, une montre sans aiguille et même des cailloux qui parlent ! Tous attendaient la nouvelle protectrice du jardin, celle qui les réveille et doit les sauver du danger. Il faudra toute la malice de Violette, sa diplomatie et son courage pour braver les épreuves qui l’attendent et devenir la maîtresse incontestable de ces lieux.

Dans les contes, tout est résolu dans les forêts. Dans le jardin de Violette, c’est un peu la même chose, lieu des émerveillements et de toutes les peurs de l’enfance. Violette apprend à dompter la nature, ses habitants et, en résolvant les problèmes du jardin, déterrera quelques vieilles histoires familiales. Qui est donc Louisa, la première protectrice du jardin dont elle a découvert des photos dans le grenier de son grand-père ? Qui est le Kaliban ? Et si sauver ce monde consistait à se sauver elle-même ? Le monde du jardin va s’avérer un lieu de plus en plus poreux entre le fantastique et sa propre réalité.

Violette Hurlevent et le Jardin sauvage_p64-65

Paul Martin et Jean-Baptiste Bourgois ont inventé un pays. Celui de tous les imaginaires, avec son héroïne, son petit peuple, ses ennemis, son langage, sa monnaie d’échange, son temps qui s’écoule lentement… Un roman d’aventures qui les contient toutes, truffé d’illustres références  : un loup qui s’appelle Sendak, une collectionneuse au masque de lièvre blanc qui se nomme Lewice… Un imaginaire puissant grâce aux illustrations noir et blanc de Jean-Baptiste Bourgois qui nous rappellent celles des contes d’antan, le trait léger presque aérien, laisse le lecteur se glisser dans les interstices et compléter le tableau.

Suite de la chronique de Nathalie et réfréférences du livre sur son blog, Allonz’enfants, ici !